Une convention inéquitable sur la biodiversité est inutile On ne pourra conserver la bio- diversité que si les avantages ré- sultant de son exploitation sont partagés équitablement entre les utilisateurs et les pays fournis- Origine de la Convention sur Une mise en œuvre insuffisante jusqu’ici seurs. Ce principe est bien au la biodiversité
Il est incontestable que la société retire un
cœur de la Convention sur la bio-
Pourquoi quelqu’un protégerait-il un bien
immense profit de l’exploitation des ressour-
si d’autres en retirent tout le bénéfice? Telle
ces génétiques. Dans un ouvrage de référence
diversité, mais il n’est pratique-
est la question à laquelle la communauté des
sur l’exploitation commerciale de la bio-
ment pas appliqué à ce jour. Il
États se vit confrontée à la conférence sur
diversité (ten Kate/Laird, 1999), le chiffre
l’environnement de Rio de Janeiro (1992)
d’affaires des produits tirés des ressources
faut donc un nouveau traité con-
quand elle essaya d’adopter une convention
génétiques se situe entre 500 et 800 milliards
traignant. À la dernière confé-
sur la conservation de la diversité biologique.
d’USD. La majeure partie de ces produits
Le Nord voulait imposer une protection, le
sont pharmaceutiques et agricoles, mais le
rence des parties contractantes
Sud exigeait de participer aux bénéfices. La
recours aux ressources génétiques concerne
(Bonn, 19–30 mai 2008), un ca-
percée diplomatique se produisit quand il fut
aussi les plantes d’ornement, les pesticides,
garanti aux pays à forte biodiversité – dont
les cosmétiques ou la biotechnologie (hors
lendrier concret a été fixé pour
une majorité de pays en développement –
santé et agriculture). L’accès aux ressources
achever la négociation d’un nou-
que les bénéfices retirés des ressources géné-
génétiques est donc un moteur vital de notre
tiques, qui sont majoritairement le fait des
économie. Il n’en est que plus surprenant
veau régime d’ici fin 2010. Faute
pays industrialisés, seraient partagés équita-
que les gouvernements du Nord ne prennent
d’un accord, l’accès aux ressour-
blement avec les pays fournisseurs. L’article 1
pratiquement aucune initiative pour mettre
de la convention rappelle ce compromis his-
en œuvre le compromis élaboré à Rio. ces génétiques se compliquera
torique: «Les objectifs de la présente Conven-dans le monde entier, ce qui tion (…) sont la conservation de la diversité Biopiraterie biologique, l’utilisation durable de ses éléments aurait aussi des conséquences et le partage juste et équitable des avantages
Depuis neuf ans, la Déclaration de Berne
néfastes pour notre économie. découlant de l’exploitation des ressources géné-
et ses partenaires du Sud dénoncent des cas
qui montrent clairement que les règles de la
Les art. 15 et 8j de la convention définis-
Convention sur la biodiversité sont encore
sent des exigences supplémentaires en ce qui
fréquemment violées. Nous parlons alors de
concerne l’accès aux ressources génétiques et
biopiraterie. En voici deux exemples.
le partage des avantages. Le principe est sim-ple: on commencera par demander la per-
1er cas: le hoodia
mission d’intervenir, puis on négociera un
Depuis des siècles, les San, peuplade abo-
accord permettant aux fournisseurs de parti-
rigène d’Afrique australe, connaissent et
ciper de façon équitable et équilibrée aux bé-
exploitent les propriétés coupe-faim d’un
néfices retirés de la valorisation des ressour-
cactus, le hoodia (de la famille des asclépia-
dacées). Cette plante contient des principes actifs qui coupent la faim et sont désormais commercialisés chez nous sous la forme d’une préparation appréciée dans le contrôle du poids.
Depuis que cette utilisation commerciale
a été découverte, les San se sont dits prêts à passer des accords avec les utilisateurs pour partager les bénéfices. Des contrats ont d’ailleurs été signés avec un institut de re-cherche sud-africain, lié de son côté à Unile-ver par un contrat de licence, et avec des compagnies qui cultivent le hoodia à des fins
François Meienberg
commerciales, tout cela conformément à la
législation sud-africaine sur l’accès aux res-
sources génétiques et le partage des avanta-
propriété intellectuelle, Déclaration de Berne,
ges. Le problème est qu’Unilever n’a pas en-
core commercialisé son produit et que toutes
68 La Vie économique Revue de politique économique 9-2008
les préparations vendues en Suisse ne com-
nologie nécessaire à la production de vac-
portent pas de compensation pour les San ou
cins – pourrait contribuer de façon impor-
l’État sud-africain. Ces produits violent donc
tante à garantir la santé dans les pays en
les règles de la Convention sur la biodiversi-
développement. Pourtant la mise en œuvre
Dans une lettre adressée au président de
la Confédération de l’époque, Moritz Leuen-
Un nouveau régime d’ici 2010 est
berger, les San ont demandé à la Suisse de
indispensable
respecter ses engagements aux termes de la convention et de bloquer la vente illégale des
Les pays à forte biodiversité ne pouvaient
produits à base de hoodia. Le Conseil fédéral
tolérer que des parties importantes de la con-
n’a pas répondu à cette demande.
vention continuent à ne pas être appliquées.
Conclusion: aussi longtemps que les pays
La première tentative pour combler cette la-
du Nord ne prennent pas de mesures légale-
cune a eu lieu à la conférence de 2002, où il a
ment contraignantes, la convention ne sera
été décidé de faire avancer la mise en œuvre
pas appliquée. Si les compagnies qui ne res-
de la convention par des directives volontai-
pectent pas les règles du jeu n’ont rien à
res et par sa reprise dans les législations na-
craindre, personne ne respectera la Conven-
tionales (directives dites de Bonn). Il deve-
nait vite évident que l’objectif ne serait pas atteint de cette façon. Au Sommet mondial
2e cas: virus de la grippe aviaire
sur le développement durable qui s’est tenu
Ce cas a attiré l’attention de l’opinion
la même année à Johannesburg, la commu-
mondiale au début de 2007, lorsque le minis-
nauté internationale décidait de négocier
tère indonésien de la Santé a fait savoir qu’il
dans le cadre de la Convention sur la biodi-
ne transmettrait plus d’échantillons du virus
versité un régime pour le partage équitable
de la grippe aviaire au Réseau international
des avantages. À la conférence des parties
de surveillance de la grippe (GISN) de l’OMS,
contractantes suivante (Kuala Lumpur 2004),
parce que ce système ne tenait pas compte
un groupe de travail sur l’accès et le partage
des intérêts et des besoins des pays en déve-
des avantages était chargé d’élaborer et de
loppement. Le GISN recevait des échantillons
conduire les négociations d’un tel régime.
de virus de la grippe des pays touchés et
Désormais réuni une semaine par an, ses
transmettait ceux susceptibles de donner des
progrès restaient modestes. En 2006, les par-
vaccins à des entreprises de production, qui
ties contractantes à la convention décidaient
déposaient à leur tour des brevets. Les vac-
donc d’augmenter la pression à Curitiba
Un point contesté: le caractère
cins mis au point sont, cependant, beaucoup
(Brésil) et de fixer la fin des négociations à
contraignant du nouveau régime
trop chers et inaccessibles aux pays en déve-
2010. Cette date conclut désormais le calen-
La question fondamentale de savoir si le
loppement frappés par la grippe aviaire. De
drier adopté à la conférence de Bonn en mai
nouveau régime devra être un traité interna-
leur côté, les pays industrialisés continuent à
tional contraignant reste très controversée.
accumuler des stocks de vaccins pour être ar-
L’industrie pharmaceutique et certains pays,
més en cas de pandémie. Avec le soutien de
comme le Japon ou le Canada, se contente-raient d’un régime non contraignant, bien
plus de vingt pays en développement, l’Indo-
qu’il soit évident que celui-ci ne pourrait pas
nésie a donc soumis à l’OMS un projet de
combattre efficacement la biopiraterie. La
résolution en mai 2007. Adoptée, celle-ci re-
grande majorité des États – dont l’UE et les
connaît la souveraineté des États sur leurs
pays du Sud – préconisent un régime qui con-tienne au moins quelques éléments contrai-
ressources biologiques et le droit à une com-
gnants. Il est, par exemple, décisif de pouvoir
pensation équitable et équilibrée des avanta-
exiger le respect des règles d’accès dans les
ges résultant de l’exploitation des virus. La
pays fournisseurs et industrialisés. Les mar-chés du Nord ne doivent pas pouvoir tirer pro-
résolution souligne que le système du GISN
fit d’un accès illégal aux ressources généti-
de l’OMS ne donne pas de résultats équita-
ques et d’une absence de partage des avanta-
bles et que l’ancienne pratique doit être re-
ges. À cet effet, il faut établir des contrôles
ciblés qui permettent de vérifier la légalité de l’accès aux ressources génétiques utilisées.
Plusieurs rencontres ont eu lieu depuis,
On pourrait y parvenir à travers le droit des
mais sans progrès notable, car les États in-
brevets, l’accès légal aux matières utilisées
dustrialisés, qui profitent le plus du système
devant être prouvé lors de la demande de bre-
actuel, s’opposent à l’idée d’un accord sur le
vet (comme l’exigent presque tous les pays en développement à l’OMC), ou alors à travers les
transfert de matériel biologique. Ils ne sont
formalités d’homologation lors de la commer-
pas prêts non plus à prendre des mesures
cialisation. Le nouveau régime comprendra
Pour en savoir plus
concrètes pour que les compagnies pharma-
un certificat reconnu internationalement, qui
ceutiques participent à un partage équitable
attestera la légalité de l’accès et suivra la res-
Site Internet de la Déclaration de Berne:
source génétique utilisée dans le monde en-
− www.evb.ch/biopiracy (cas de biopiraterie);
tier, d’où une simplification importante des
Conclusion: la compensation équitable des
− www.evb.ch/fr/f25000148.html (négociations de
avantages – ici, par exemple, l’accès à la tech-
la Convention sur la biodiversité). 69 La Vie économique Revue de politique économique 9-2008
Guru/Journal of Engineering, Science and Management Education/Vol. 2, 2010/73-77 MICROBIAL STUDIES ON SOME METAL COMPLEXES WITH TETRACYCLINE Pranay Guru* Received July 22, 2010, Revised July 23, 2010 ; Accepted Aug. 26, 2010 Abstract RESULTS AND DISCUSSIONS The present paper deals with the microbial studies of Ni(II) In general all the tested complexes showed higher toxicit
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